Tous les malades seraient-ils sur internet à remplacer le médecin ou à tout le moins vérifier sa crédibilité ? Certains sont enclins à le croire, et pourquoi pas
demain remplacer ce médecin pressé et indisponible (voire pas si compétent) par une e-santé experte qui sait tout et peut tout ... et avec l'aide des autres malades, en partage d'expériences ...
pas si sûr, et pas tout de suite ! AAM
Pour la première fois,
Patients & Web et LauMa communication ont interrogé les Français, avec TNS Sofres, et les malades chroniques présents sur le web, en partenariat avec Doctissimo, pour connaître leurs
pratiques, leurs usages et leurs attentes en termes d’e-santé. Premiers enseignements, l’internet santé est une réalité pour 49% des Français (57% des internautes et plus d’1 patient sur 3 en ALD
(Affection de Longue Durée) seraient potentiellement un ePatient.
1 Français sur 2 a déjà utilisé internet pour rechercher ou partager des informations sur la santé (étude TNS Sofres).
Si les 49% des Français ayant déjà utilisé internet pour
rechercher des informations médicales ou sur la santé ou pour échanger autour de la santé se sont servis d’un ordinateur fixe, en ce début d’année 2013, ils sont également 28% à avoir un usage
mobile de la santé, que se soit via un smartphone ou une tablette. Ce développement des pratiques de l’internet santé s’accompagne également de nouveaux usages parmi lesquels figure la notion
d’échange et de dialogue sur et autour de la santé. Ainsi, 33% des internautes français ont déjà échangé sur la santé sur le web et 11% le font au moins 1 fois par mois.
Les recherches réalisées par les internautes santé
portent principalement sur une maladie ou un problème de santé (92%) et dans plus de la moitié des cas elles concernent les maladies chroniques (cancer, diabète, insuffisance rénale…). Ces
recherches s’orientent également vers les traitements et les médicaments pour 63% des utilisateurs du web santé ou les témoignages d’autres personnes. A noter, 56% des internautes santé vont
également sur le web pour trouver les coordonnées d’un médecin ou d’un hôpital.
Le web enrichit la relation
médecin-patient (étude TNS
Sofres)
Jugées claires et utiles, les informations trouvées sur
le net permettent de mieux prendre en charge sa santé ou celle de ses proches pour 61% des utilisateurs. Elles rendent la relation médecin-patient plus positive, grâce à des échanges plus riches
(58%) et renforcent la confiance dans les médecins consultés pour 1 internaute santé sur 2.
Lors des recherches d’information avant une consultation
(19% des internautes santé), celles-ci sont essentiellement réalisées pour mieux comprendre ce que le médecin va dire (63%), pour pouvoir discuter avec lui du traitement (53%) ou pour poser de
meilleures questions (42%). Les recherches réalisées après une consultation (34% des internautes santé) sont destinées à chercher des informations complémentaires sur la maladie (72%) ou sur les
médicaments et les traitements (44%).
L’internet santé ne séduit pas encore tous les
Français (étude TNS Sofres)
Parmi les principales raisons citées par les non
utilisateurs du web santé figurent le fait qu’ils ne parlent de santé qu’avec leur médecin ou leur pharmacien (54%), le fait qu’ils n’aient pas le réflexe internet pour les questions de santé
(25%) mais également des raisons liées à la fracture numérique. De fait, 21% des Français n’utilisant pas internet en santé ne le font pas car ils ne sont pas connectés et 3% car ils ne savent
pas ou peu se servir d’internet. A noter, le manque de confiance dans internet dans la santé ne se classe qu’à la 7ème position avec 18% de citations.
Les Français peuvent se classer en 6 groupes
selon leur pratique de l’internet santé (étude TNS Sofres)
Les
“Déconnectés”(15%), distants d’internet
et réticents à utiliser le web pour s’informer sur la santé, sont principalement des seniors. Ils ont peu d’attentes de services en ligne et seule la garantie des informations par leur médecin
les séduit un peu.
Les
“Méfiants“(24%), ils n’ont pas – encore
– assez confiance dans internet pour s’informer sur la santé. Parmi ceux-ci, les réticents sont intéressés par la garantie des informations par leur médecin (55%) et la prise de rendez-vous via
le web (66%).
Les
“Détachés”(12%), connectés à internet,
ils n’éprouvent pas le besoin de s’informer sur la santé ou n’en ont pas le réflexe. Garantie des informations par les professionnels de santé (53%), prise de rendez-vous via internet (65%) et
accès aux résultats d’analyse médicale sur le web (63%) les intéressent.
Les
“Occasionnels”(23%), utilisant
ponctuellement le web pour s’informer, ils n’en sont pas encore à l’utiliser pour dialoguer. Ils souhaitent accéder aux résultats d’analyse médicale (70%) et à leur dossier médical (69%) sur le
web, prendre rendez-vous via internet (69%) et échanger par e-mail avec leur médecin (61%).
Les
“Adeptes”(13%), utilisant fréquemment le
web pour s’informer sur la santé et rester en bonne santé, leurs attentes sont les mêmes que celles des “Occasionnels” mais sont encore plus fortes (analyse médicale 76%, dossier médical 71%,
prise de rendez-vous 69%, échange par e-mail 65%)
Les
“Communicants”(13%), allant fréquemment,
voire très fréquemment, sur internet pour rechercher des informations médicales, ils sont également contributifs via leur dialogue sur le web avec des patients ou des médecins. 77% d’entre eux
souhaitent accéder à leur analyse médicale sur le web et 70% à leur dossier médical. 77% aimeraient prendre rendez-vous via internet, 69% échanger par e-mail et plus d’1 sur 2 (51%) échanger en
visio-conférence, visiophonie avec leur médecin.
Malades chroniques, une consommation forte du
web santé sous toutes ses formes (étude Doctissimo)
Dans 8 cas sur 10 (77,75%), l’internaute santé atteint
d’une maladie chronique est une femme. Pour les plus communicants d’entre eux (les “Communicants+“), près de 36% ont entre 36 et 50 ans.
Utilisant principalement un ordinateur fixe pour surfer
sur le web santé, les malades chroniques sont 31,65% à utiliser une tablette ou un smartphone (près de 37% des “Communicants+”).
Utilisateurs fréquents du web santé pour rechercher des
informations (41,97% 2 à 3 fois par semaine), ils le sont également pour échanger et dialoguer autour de la santé : 28,67 l’utilisant en ce sens au moins 2 à 3 fois par semaine. Si, pour
leur recherche d’information, ils utilisent majoritairement (92,66%) les sites spécialisés comme Doctissimo, ils n’en sont pas moins éclectiques : 45,64% utilisant les sites encyclopédiques,
30,28% ceux des associations et près d’1 sur 4 les sites des pouvoirs publics (Ministère, Haute Autorité de Santé…).
Comme la majorité des internautes santé (cf. étude TNS
Sofres), ils y recherchent principalement des informations sur une maladie précise (91,28%), sur les médicaments et les traitements (77,98%) mais également des témoignages de personnes atteintes
de la même maladie (67,66% pour les maladies chroniques et 83,87% pour les “Communicants+”) ou sur les effets secondaires des médicaments (59,86%).
7 malades chroniques sur 10 ont déjà parlé des
informations trouvées sur le web avec leur médecin. Plus de 20% disposent du numéro de portable de leur médecin et près de 19% de leur e-mail (21,94% des personnes en ALD et 31,18% des
“Communicants+”). Pour ceux qui n’ont ni l’un, ni l’autre, ils sont plus de 75% à souhaiter pouvoir disposer de l’e-mail de leur médecin.
De plus, le médecin est pour une grande partie d’entre
eux un acteur de leur relation au web santé. Plus de 33% souhaiteraient qu’ils les aident à s’orienter en leur conseillant des sites précis, près de 20% en leur expliquant comment rechercher des
informations santé sur le net et 17,63% des personnes en ALD aimeraient même que leur médecin leur conseille des applications mobiles liées à la santé.
Les “Communicants+“, des ePatients en
puissance
Définis comme des internautes
santé en Affection de Longue Durée (pris en charge à 100%), échangeant ou dialoguant sur le web au moins 2 à 3 fois par semaine, les “Communicants+” regroupent les ePatients d’aujourd’hui et
certainement ceux de demain. Représentant près de 20% des malades chroniques présents sur le web, ils seraient près du tiers des personnes en ALD sur le web.
Malades chroniques, des patients
2.0 (étude Doctissimo)
Recherchant des témoignages de pairs, les malades
chroniques sont des internautes communautaires. De fait, 48,85% participent à des chats ou des forums (86,02% des communicants+) pour y rechercher des informations sur le vécu de la maladie
(80,28%), sur la maladie (77,93%) et du partage (72,30%).
Près de 7 sur 10 (67,43%) disposent d’un profil Facebook
(74,19% des communicants+) et 19,95% d’un compte Google Plus. A noter, les personnes en ALD disposent, dans près de 20%, d’un compte sur le forum d’une association (36,56% des communicants+) et
les communicants+ ont déjà investi les nouvelles communautés de patients (type Carenity, Bepatient…) pour 20,43% d’entre eux.
S’ils sont présents et utilisent les médias sociaux,
très peu des malades chroniques y suivent un médecin (7,25%) ou un hôpital (6,04%), recherchant avant tout un échange entre pairs. D’ailleurs leurs attentes s’orientent aussi bien autour de
l’éducation thérapeutique sur le web (e-ETP), 70,18% souhaitant avoir des formations sur la gestion de leur pathologie ou celle d’un proche via internet (83,09% des personnes en ALD) ou plus de
78% souhaiteraient y suivre des conférences traitant de leur pathologie. En termes d’échanges, ils sont 73,62% à souhaiter partager des informations sur la qualité des prestations de santé avec
d’autres internautes.
Les internautes santé : une population en
mouvement mettant en place de nouvelles pratiques.
Les sondages TNS Sofres et Doctissimo montrent des
pratiques en évolution profonde: 1 Français sur 2 intègre désormais l’accès à internet comme outil de recherche et de gestion de son état de santé.
Les réserves traditionnellement soulevées sur le
potentiel anxiogène de la Toile sont dépassées par le lien réaffirmé avec les professionnels de santé et leur capacité d’orienter et d’accompagner le patient. Loin de représenter un concurrent,
le Web est vécu comme un dispositif facilitateur de la consultation médicale. Par ailleurs, l’intérêt pour les services en ligne et les applications mobiles révèle une population prête à adopter
des nouveaux usages, à condition qu’ils répondent à des besoins évidents.
Les habitudes des patients chroniques apparaissent
différentes, bien plus enclins à des démarches d’empowerment (autonomisation). Ces derniers vivent Internet comme un lieu d’éducation, de formation
et d’échange. Le patient, voyageur dans l’univers initialement inconnu de la maladie, se dote des cartes et des boussoles qui lui permettent
de choisir et d’assurer l’itinéraire. Le voyage devient un parcours partagé avec les pairs et les membres de la communauté.
Au final, les internautes santé sont une population en
mouvement qui met en place de nouvelles pratiques. Au futur d’évaluer les impacts formidables qu’un tel outil produit.
Lien article publié sur Capgeris.com