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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 12:09

Nous relayons l'article de Maître Benjamin Pitcho, avocat à la Cour et maître de conférence en droit privé et droit de la santé à Paris, paru sur le site www.huffingtonpost.fr ( link).

 

Le projet de l'Observatoire national des MICI est en cours de construction à l'initiative de l'association François Aupetit et nous ne pouvons que soutenir le partage des données détenues par les autorités de santé - dont la CNAM. L'amélioration des connaissances sur nos maladies et du vécu médical de nos malades, celles du parcours de soins, ... beaucoup des actions associatives manquent de chiffres pour être validées par les pouvoirs publics ... Pas de preuves pas d'écoute ... Il faut nous battre désormais en pleine connaissance des chiffres !AAM

 

 

Différentes organisations ont appelé, ensemble, cette semaine à la communication des données de santé produites par les organismes de sécurité sociale. Leur argumentaire consiste notamment à affirmer qu'une telle diffusion permettrait de prévenir certains scandales, améliorerait la démocratie et contribuerait à l'évaluation des différentes prestations sanitaires. De telles prétentions démontrent la maturité évidente atteinte par les associations de patients dans l'organisation sanitaire de notre pays. Si leur argument est exact, il demeure pourtant incomplet.


L'histoire de la démocratie sanitaire n'est plus à faire tant elle est connue. Elle a permis la reconnaissance du rôle des associations de patients. Qu'il s'agisse de la gouvernance des établissements publics, de la détermination de l'offre de soins, de l'assistance des malades dans la défense de leurs droits, de leur information, etc. les lois successives ont étendu leur implication. Il était craint que celles-ci ne constituent qu'un contre-pouvoir à la toute puissance médicale - bulle de savon pourtant depuis longtemps explosée - partiales et facteurs de crispations. Or il n'en est rien.


Ces associations introduisent des demandes pour l'autorisation de mise sur le marché de certains médicaments, financent des recherches biomédicales, en partenariat donc avec les professionnels et elles élaborent des protocoles d'éducation thérapeutique. Leur activité ne se limite pas à un tel contre-pouvoir. Elles constituent les interlocutrices parfois dérangeantes, mais toujours raisonnées et efficaces des professionnels comme des administrations sanitaires.


La demande de communication des données parachève cette maturité dont notre pays ne peut que s'enorgueillir. Il est ainsi significatif que la demande d'accès aux données ait été introduite, notamment, par une association de défense de consommateurs et une association de patients : leurs ressemblances sont flagrantes, et c'est par exemple une organisation américaine de consommateurs qui a critiqué l'efficacité d'un médicament contre la maladie d'Alzheimer, mais les patients s'en distinguent pour devenir des acteurs responsables de l'organisation de santé. Et ils entendent donc exercer leur pouvoir.


Pour ce faire, les associations doivent légitimement accéder aux données de santé. Les décideurs publics disposent en effet d'un éventail impressionnant de données qui leur permettent de piloter efficacement l'offre de soins. De même, les assureurs privés, par les remboursements complémentaires qu'ils fournissent, bénéficient d'indicateurs fiables quant aux pathologies, leurs coûts, les risques de rechute, leur évolution, les alternatives disponibles et leur efficacité, etc. Or, il n'en est rien pour les associations. Elles sont irrémédiablement exclues de ces données pourtant fondamentales pour la compréhension même des enjeux des soins et, finalement, la poursuite même de leur objet et de leur activité.

...

Priver les associations de santé des informations, c'est rendre leur parole inefficace. C'est vouloir les ramener dans un rôle parfois stérile de défenses d'intérêts particuliers, au détriment dans la connaissance plus large des tenants et aboutissants de l'organisation des soins. C'est vouloir conserver le pouvoir et imposer des normes plutôt que partager les responsabilités et, ce faisant, gouverner dans le respect de la concertation. En un mot, c'est vouloir infantiliser les associations et in fine les citoyens qu'elles représentent.


La qualité de l'intervention des associations dépend directement de leur accès à ces données. A défaut, il serait vain pour elle de pouvoir prétendre à une représentativité quelconque lors de procédures de négociation ou concertation : ce serait jouer au poker alors que tous connaissent le jeu de chacun, sauf l'un des joueurs. En réalité, cette vérité doit même être étendue dans toute la chaîne de production des soins. Il convient en effet d'assurer le bris de l'indisponibilité de ces données ainsi que leur libre accessibilité à destination de chacun. Il est de l'intérêt évident des médecins de pouvoir consulter et étudier ces informations. Cette exploitation permettra l'amélioration des prescriptions et assurera éventuellement la prévention de différents scandales sanitaires. La place de ces professionnels dans l'organisation des soins justifie de plus que leur parole soit aussi informée que celle des associations. Il en est de même des autres professionnels, des laboratoires, des chercheurs en économie, en sociologie ou en droit pour lesquels ces données sont une condition sine qua non de l'efficacité de leurs travaux.

...

Cette accessibilité constituerait ainsi une révolution dans la manière de gouverner et de gérer les services publics, fondée sur une discussion réelle plutôt que formelle entre les autorités de réglementation, les chercheurs, les fournisseurs et les destinataires des services. Ce modèle demeure évidemment transposable à d'autres secteurs, ainsi que l'a par exemple rappelé Loïc Bodin. Concernant les soins en particulier, il serait bien regrettable que la démocratie sanitaire, née de la volonté de briser le paternalisme médical, se voit ralentie par un paternalisme public. Alors que Pierre Legendre avait parfaitement montré combien le second était en réalité inhérent à la construction de l'Etat, il apparaît plus que jamais que le partage des données constitue une profonde révolution politique.


Suivre Benjamin Pitcho sur Twitter: www.twitter.com/BenjaminPitcho  

 

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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 10:33

 

ePatient1-300x297.jpg

Tous les malades seraient-ils sur internet à remplacer le médecin ou à tout le moins vérifier sa crédibilité ? Certains sont enclins à le croire, et pourquoi pas demain remplacer ce médecin pressé et indisponible (voire pas si compétent) par une e-santé experte qui sait tout et peut tout ... et avec l'aide des autres malades, en partage d'expériences ... pas si sûr, et pas tout de suite ! AAM

 

Pour la première fois, Patients & Web et LauMa communication ont interrogé les Français, avec TNS Sofres, et les malades chroniques présents sur le web, en partenariat avec Doctissimo, pour connaître leurs pratiques, leurs usages et leurs attentes en termes d’e-santé. Premiers enseignements, l’internet santé est une réalité pour 49% des Français (57% des internautes et plus d’1 patient sur 3 en ALD (Affection de Longue Durée) seraient potentiellement un ePatient.


1 Français sur 2 a déjà utilisé internet pour rechercher ou partager des informations sur la santé (étude TNS Sofres).

Si les 49% des Français ayant déjà utilisé internet pour rechercher des informations médicales ou sur la santé ou pour échanger autour de la santé se sont servis d’un ordinateur fixe, en ce début d’année 2013, ils sont également 28% à avoir un usage mobile de la santé, que se soit via un smartphone ou une tablette. Ce développement des pratiques de l’internet santé s’accompagne également de nouveaux usages parmi lesquels figure la notion d’échange et de dialogue sur et autour de la santé. Ainsi, 33% des internautes français ont déjà échangé sur la santé sur le web et 11% le font au moins 1 fois par mois.

 

Les recherches réalisées par les internautes santé portent principalement sur une maladie ou un problème de santé (92%) et dans plus de la moitié des cas elles concernent les maladies chroniques (cancer, diabète, insuffisance rénale…). Ces recherches s’orientent également vers les traitements et les médicaments pour 63% des utilisateurs du web santé ou les témoignages d’autres personnes. A noter, 56% des internautes santé vont également sur le web pour trouver les coordonnées d’un médecin ou d’un hôpital.

 

Le web enrichit la relation médecin-patient (étude TNS Sofres)

Jugées claires et utiles, les informations trouvées sur le net permettent de mieux prendre en charge sa santé ou celle de ses proches pour 61% des utilisateurs. Elles rendent la relation médecin-patient plus positive, grâce à des échanges plus riches (58%) et renforcent la confiance dans les médecins consultés pour 1 internaute santé sur 2.

Lors des recherches d’information avant une consultation (19% des internautes santé), celles-ci sont essentiellement réalisées pour mieux comprendre ce que le médecin va dire (63%), pour pouvoir discuter avec lui du traitement (53%) ou pour poser de meilleures questions (42%). Les recherches réalisées après une consultation (34% des internautes santé) sont destinées à chercher des informations complémentaires sur la maladie (72%) ou sur les médicaments et les traitements (44%).

 

L’internet santé ne séduit pas encore tous les Français (étude TNS Sofres)

Parmi les principales raisons citées par les non utilisateurs du web santé figurent le fait qu’ils ne parlent de santé qu’avec leur médecin ou leur pharmacien (54%), le fait qu’ils n’aient pas le réflexe internet pour les questions de santé (25%) mais également des raisons liées à la fracture numérique. De fait, 21% des Français n’utilisant pas internet en santé ne le font pas car ils ne sont pas connectés et 3% car ils ne savent pas ou peu se servir d’internet. A noter, le manque de confiance dans internet dans la santé ne se classe qu’à la 7ème position avec 18% de citations.

 

Les Français peuvent se classer en 6 groupes selon leur pratique de l’internet santé (étude TNS Sofres)

Les “Déconnectés”(15%), distants d’internet et réticents à utiliser le web pour s’informer sur la santé, sont principalement des seniors. Ils ont peu d’attentes de services en ligne et seule la garantie des informations par leur médecin les séduit un peu.

Les “Méfiants“(24%), ils n’ont pas – encore – assez confiance dans internet pour s’informer sur la santé. Parmi ceux-ci, les réticents sont intéressés par la garantie des informations par leur médecin (55%) et la prise de rendez-vous via le web (66%).

Les “Détachés”(12%), connectés à internet, ils n’éprouvent pas le besoin de s’informer sur la santé ou n’en ont pas le réflexe. Garantie des informations par les professionnels de santé (53%), prise de rendez-vous via internet (65%) et accès aux résultats d’analyse médicale sur le web (63%) les intéressent.

Les “Occasionnels”(23%), utilisant ponctuellement le web pour s’informer, ils n’en sont pas encore à l’utiliser pour dialoguer. Ils souhaitent accéder aux résultats d’analyse médicale (70%) et à leur dossier médical (69%) sur le web, prendre rendez-vous via internet (69%) et échanger par e-mail avec leur médecin (61%).

Les “Adeptes”(13%), utilisant fréquemment le web pour s’informer sur la santé et rester en bonne santé, leurs attentes sont les mêmes que celles des “Occasionnels” mais sont encore plus fortes (analyse médicale 76%, dossier médical 71%, prise de rendez-vous 69%, échange par e-mail 65%)

Les “Communicants”(13%), allant fréquemment, voire très fréquemment, sur internet pour rechercher des informations médicales, ils sont également contributifs via leur dialogue sur le web avec des patients ou des médecins. 77% d’entre eux souhaitent accéder à leur analyse médicale sur le web et 70% à leur dossier médical. 77% aimeraient prendre rendez-vous via internet, 69% échanger par e-mail et plus d’1 sur 2 (51%) échanger en visio-conférence, visiophonie avec leur médecin.

 

Malades chroniques, une consommation forte du web santé sous toutes ses formes (étude Doctissimo)

Dans 8 cas sur 10 (77,75%), l’internaute santé atteint d’une maladie chronique est une femme. Pour les plus communicants d’entre eux (les “Communicants+“), près de 36% ont entre 36 et 50 ans.

Utilisant principalement un ordinateur fixe pour surfer sur le web santé, les malades chroniques sont 31,65% à utiliser une tablette ou un smartphone (près de 37% des “Communicants+”).

Utilisateurs fréquents du web santé pour rechercher des informations (41,97% 2 à 3 fois par semaine), ils le sont également pour échanger et dialoguer autour de la santé : 28,67 l’utilisant en ce sens au moins 2 à 3 fois par semaine. Si, pour leur recherche d’information, ils utilisent majoritairement (92,66%) les sites spécialisés comme Doctissimo, ils n’en sont pas moins éclectiques : 45,64% utilisant les sites encyclopédiques, 30,28% ceux des associations et près d’1 sur 4 les sites des pouvoirs publics (Ministère, Haute Autorité de Santé…).

Comme la majorité des internautes santé (cf. étude TNS Sofres), ils y recherchent principalement des informations sur une maladie précise (91,28%), sur les médicaments et les traitements (77,98%) mais également des témoignages de personnes atteintes de la même maladie (67,66% pour les maladies chroniques et 83,87% pour les “Communicants+”) ou sur les effets secondaires des médicaments (59,86%).

7 malades chroniques sur 10 ont déjà parlé des informations trouvées sur le web avec leur médecin. Plus de 20% disposent du numéro de portable de leur médecin et près de 19% de leur e-mail (21,94% des personnes en ALD et 31,18% des “Communicants+”). Pour ceux qui n’ont ni l’un, ni l’autre, ils sont plus de 75% à souhaiter pouvoir disposer de l’e-mail de leur médecin.

De plus, le médecin est pour une grande partie d’entre eux un acteur de leur relation au web santé. Plus de 33% souhaiteraient qu’ils les aident à s’orienter en leur conseillant des sites précis, près de 20% en leur expliquant comment rechercher des informations santé sur le net et 17,63% des personnes en ALD aimeraient même que leur médecin leur conseille des applications mobiles liées à la santé.

 

Les “Communicants+“, des ePatients en puissance 

Définis comme des internautes santé en Affection de Longue Durée (pris en charge à 100%), échangeant ou dialoguant sur le web au moins 2 à 3 fois par semaine, les “Communicants+” regroupent les ePatients d’aujourd’hui et certainement ceux de demain. Représentant près de 20% des malades chroniques présents sur le web, ils seraient près du tiers des personnes en ALD sur le web. 

 

Malades chroniques, des patients 2.0 (étude Doctissimo)

Recherchant des témoignages de pairs, les malades chroniques sont des internautes communautaires. De fait, 48,85% participent à des chats ou des forums (86,02% des communicants+) pour y rechercher des informations sur le vécu de la maladie (80,28%), sur la maladie (77,93%) et du partage (72,30%).

Près de 7 sur 10 (67,43%) disposent d’un profil Facebook (74,19% des communicants+) et 19,95% d’un compte Google Plus. A noter, les personnes en ALD disposent, dans près de 20%, d’un compte sur le forum d’une association (36,56% des communicants+) et les communicants+ ont déjà investi les nouvelles communautés de patients (type Carenity, Bepatient…) pour 20,43% d’entre eux.

S’ils sont présents et utilisent les médias sociaux, très peu des malades chroniques y suivent un médecin (7,25%) ou un hôpital (6,04%), recherchant avant tout un échange entre pairs. D’ailleurs leurs attentes s’orientent aussi bien autour de l’éducation thérapeutique sur le web (e-ETP), 70,18% souhaitant avoir des formations sur la gestion de leur pathologie ou celle d’un proche via internet (83,09% des personnes en ALD) ou plus de 78% souhaiteraient y suivre des conférences traitant de leur pathologie. En termes d’échanges, ils sont 73,62% à souhaiter partager des informations sur la qualité des prestations de santé avec d’autres internautes.

 

Les internautes santé : une population en mouvement mettant en place de nouvelles pratiques. 

Les sondages TNS Sofres et Doctissimo montrent des pratiques en évolution profonde: 1 Français sur 2 intègre désormais l’accès à internet comme outil de recherche et de gestion de son état de santé.

Les réserves traditionnellement soulevées sur le potentiel anxiogène de la Toile sont dépassées par le lien réaffirmé avec les professionnels de santé et leur capacité d’orienter et d’accompagner le patient. Loin de représenter un concurrent, le Web est vécu comme un dispositif facilitateur de la consultation médicale. Par ailleurs, l’intérêt pour les services en ligne et les applications mobiles révèle une population prête à adopter des nouveaux usages, à condition qu’ils répondent à des besoins évidents.

Les habitudes des patients chroniques apparaissent différentes, bien plus enclins à des démarches d’empowerment (autonomisation). Ces derniers vivent Internet comme un lieu d’éducation, de formation et d’échange. Le patient, voyageur dans l’univers initialement inconnu de la maladie, se dote des cartes et des boussoles qui lui permettent de choisir et d’assurer l’itinéraire. Le voyage devient un parcours partagé avec les pairs et les membres de la communauté.

 

Au final, les internautes santé sont une population en mouvement qui met en place de nouvelles pratiques. Au futur d’évaluer les impacts formidables qu’un tel outil produit.

 

 

Lien article publié sur Capgeris.com

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 09:33

Lu sur Gastroscoop la newsletter de la SNFGE (société nationale française de gastro-entérologie), cette étude essentielle sur les conflits d’intérêts largement commentés (souvent de très mauvaise foi) par une certaine presse ces dernières années. Nous préférons parler de liens d’intérêts, qui ne sont pas nécessairement et systématiquement contre les intérêts de la science ... et des patients. La loi Bertrand, en cours d’écriture de décret d’application, veut limiter ces « conflits » tout en constatant que les meilleurs spécialistes sont sollicités par tout le monde ... si au moins on les rend transparents ! AMM

 

De nombreux essais cliniques thérapeutiques sont soutenus ou réalisés par l'industrie pharmaceutique. Cette participation induit-elle une modification de la perception des résultats par les praticiens, même si la norme est désormais d'annoncer les "conflits d'intérêts"? Bien que cet affichage reste encore imparfait dans 20 à 50 % des cas (1). Ce soutien a également une incidence sur l'impact factor d'une revue ainsi que sur son chiffre d'affaire; ce qui devrait être également annoncé.

Dans cette étude, les auteurs ont rédigés des articles scientifiques portant sur un traitement "fantôme" ciblé respectivement sur le diabète, l'angor et l'hypercholestérolémie. Chaque article comportait un abstract avec une description du schéma de l'essai et de la méthodologie, ainsi que du financement. Chaque traitement étudié était décliné selon deux critères, et 3 niveaux par critère : le financement (aucun, le NHI et l'industrie pharmaceutique); la rigueur méthodologique (haute, moyenne et faible). On obtenait ainsi par combinaison 9 articles différents pour le même traitement soit pour les 3 pathologies 27 articles différents (3x3x3). Le soutien pharmaceutique, quand cela était évoqué, était attribué à une firme de façon aléatoire parmi les 10 plus grands laboratoires mondiaux. Les critères de niveau scientifique étaient standardisés (allant de l'étude portant sur un groupe représentatif étudié en double aveugle sur un grand échantillon à de petites études ouvertes de suivi court). Ces "abstracts" ont été adressés à un échantillon représentatif de membres actifs de l'American Board of Internal Medecine, et moyennant un défraiement de 50 USD, les participants devaient en faire une lecture critique; ceux-ci leur était adressé de façon à ce que les 3 possibilités concernant les conflits de financement et le niveau de rigueur méthodologique soient représentées. Les questions adressées étaient identiques pour les 3 abstracts et des réponses basées sur une échelle de Likert.

 

Sur les 503 praticiens, 53.5% participèrent; le profil des répondeurs et des non répondeurs était identique. Les 3/4 des répondeurs avaient déjà reçu un soutien de l'industrie. Sur une échelle de 1 à 7,  les répondeurs estimaient que le soutien de l'industrie pouvait influencer le résultat d'un essai (5.4 – (CI) 4.0 à 6.9).

 

Globalement les praticiens ont bien identifiés la rigueur méthodologique des essais; ils sont ainsi moins enclins à prescrire un médicament soutenu par un essai à faible niveau de preuve (0.64, p=0.008) qu'un médicament validé par un essai à fort niveau de preuve (3.07, p<0.001). Le fait que l'étude soit soutenue par l'industrie a un impact négatif en dégradant la perception de la rigueur et du résultat, par rapport aux essais sans soutien déclaré (OR 0.71) et a également un impact négatif sur l'éventualité d'une prescription (OR 0.68). Les essais soutenus par le NHI ont une perception identique à celle des essais "indépendants". L'impact négatif du soutien industriel est identique dans les 3 niveaux de rigueur des abstracts. Enfin, les praticiens qui sont les plus réservés vis à vis du soutien industriel sont aussi ceux qui sont les moins enclins à prescrire le nouveau médicament (OR 0.58); de même cette distinction se retrouve entre les praticiens formés aux USA et ceux formés hors USA. 

 

Commentaires du Dr  Philippe Godeberge : Au total, chez des praticiens qui au plan méthodologique sont bien capables d'évaluer la rigueur scientifique d'un abstract, il existe un scepticisme certain en cas de soutien de l'essai par un industriel de la pharmacie. Cela diminue à leurs yeux la crédibilité des résultats dans une proportion identique pour les essais sans soutien et ceux soutenu par le NIH ou qu'il s'agisse d'un essai de rigueur faible ou élevée. Certes il existe des manquements aux bonnes pratiques dans la littérature, mais à l'inverse, ce scepticisme peut être considéré comme excessif, surtout que de nombreux essais majeurs pour des médicaments importants ne peuvent voir le jour actuellement qu'avec le support de l'industrie. Il y a donc des leçons à tirer pour les deux parties à partir de cet article. Les industriels doivent savoir que l'exploitation des résultats des études n'aura de crédibilité que pour des essais méthodologiquement irréprochables, ce que les praticiens savent repérer. A l'inverse, la publicité nécessaire fait autour des conflits d'intérêts a abouti à un scepticisme grandissant (excessif?) vis à vis des publications soutenues par les industriels. Le processus de lutte contre les mauvaises pratiques doit donc continuer à évoluer: partenariat entre les instances publiques et les industriels, publication des conflits d'intérêt, promotion d'essai rigoureux, respect tout au long de l'essai du protocole initial, transparence des données et du protocole, relecture indépendante des données, et qualité de la formation initiale puisque le lieu de la formation semble aussi intervenir.

 

 

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22992075?dopt=Citation

 

1. Okike K, Kocher MS, Wei EX, Mehlman CT, Bhandari M. Accuracy of conflict-of-interest disclosures reported by physicians. In: N Engl J Med. United States; 2009. p. 1466-74. 

Référence

 

Titre :

A randomized study of how physicians interpret research funding disclosures.

Auteurs :

Kesselheim AS, Robertson CT, Myers JA, Rose SL, Gillet V, Ross KM, et al

Source :

N Engl J Med

Ref. biblio. :

N Engl J Med;367(12):1119-27

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 14:58


Note : 6 ans après sa mise en place, l'accréditation, premier dispositif français d'analyse des événements indésirables, monte en puissance. Cet article un peu complexe éclaire le circuit du traitement des événements indésirables dans le parcours des soins et la mobilisations des acteurs de santé en ce sens.

Profitons en pour rappeler que désormais tout citoyen victime d’un effet indésirable peut le déclarer directement sur le site de l’ANSM (agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé : www.ansm.sante.fr
 


En matière de sécurité du patient, la Haute Autorité de Santé a pour objectif de réduire le nombre d'évènements indésirables liés aux soins. Parmi les leviers dont elle dispose, l'accréditation en constitue un volet important. Cette démarche de gestion des risques médicaux basée sur le volontariat des médecins doit permettre d'améliorer la qualité des pratiques professionnelles, de réduire le nombre d'événements indésirables associés aux soins et d'en limiter les conséquences. Pour être accrédités, les médecins, au sein de leur spécialité, déclarent chaque année des évènements porteurs de risques (EPR) et participent à un programme de réduction des risques incluant la mise en œuvre de recommandations et des formations spécifiques. La HAS dresse le bilan de cette démarche mise en place depuis 6 ans et présente de nouveaux outils mis au point : Solutions pour la Sécurité des Patients (SSP) et EPR remarquables.
 
Un premier bilan encourageant et riche d'enseignements :
Lancée en 2007, le dispositif de l'accréditation concerne aujourd'hui 18 spécialités médicales dans les secteurs suivants : gynécologie-obstétrique, anesthésie-réanimation, chirurgie, spécialités interventionnelles ainsi que les activités d'échographie obstétricale, de réanimation et de soins intensifs. 11 400 médecins sont engagés dans la démarche sur 35 000 professionnels de santé potentiellement concernés par le dispositif, soit un ratio de 1/3.
Depuis le lancement du dispositif, ce sont près de 52 400 EPR qui ont été enregistrés dans la base de retour d'expérience (base REX), avec une forte progression ces deux dernières années : +45 % en 2011, +35% en 2010.
 
Dix-huit programmes de réduction des risques sont également développés et réactualisés annuellement par les organismes agréés des spécialités. Ces programmes mettent en évidence des situations à risque, reflets des principales préoccupations en matière de risque des médecins (111 sont définies aujourd'hui pour les 18 spécialités) et exigent des médecins la mise en œuvre de recommandations professionnelles (58 sont définies aujourd'hui pour les 18 spécialités). La réponse du praticien à ces exigences est évaluée annuellement par un expert de sa spécialité et conduit à l'attribution ou au retrait de l'accréditation.
Les programmes des spécialités peuvent proposer des recommandations professionnelles et des solutions pour la sécurité du patient (SSP) directement issues de l'analyse de la base de retour d'expérience (base REX).
 
De l'événement porteur de risque aux solutions concrètes pour la sécurité des patients :
Les EPR apportent une information particulièrement utile sur la nature des complications et sur les moyens de les gérer. Ces informations concernent des champs aussi différents que l'acte de soins (pratiques médicales et soignantes), l'utilisation de médicaments ou de matériels que les aspects organisationnels de l'établissement de santé, la gestion des informations ou la gestion des hommes.
 
Par exemple, l'analyse des 9 000 EPR déclarés en 2011 a fait ressortir l'influence importante de l'équipe de soins dans la genèse des événements, puisque le dysfonctionnement de l'équipe est retrouvé dans 25 % des EPR avec une prédominance de problèmes de communication entre professionnels de santé. La HAS a déjà lancé une réflexion sur ce thème et débuté une expérimentation dans plusieurs services.
L'analyse des causes des événements dans la base de retour d'expérience permet aux organismes agréés de rechercher des solutions pour la sécurité du patient permettant de réduire les risques identifiés.

Un outil novateur : les Solutions pour la Sécurité du Patient (SSP) :

L'approche traditionnelle de la sécurité du patient est souvent centrée sur la prévention, autrement dit sur l'évitement des problèmes et pas assez sur leur récupération quand, malgré tout, ils surviennent.

Une approche novatrice et récente en gestion du risque incite à essayer de se préparer à l'imprévu, c'est-à-dire à s'interroger sur la gestion des complications quand elles surviennent. Cela se concrétise par des SSP, Solutions pour la Sécurité du Patient, que la HAS élabore avec les professionnels selon une méthodologie particulière en insistant sur leurs mises en œuvre (accompagnement) et leurs impacts.

Concrètement, il s'agit de procédures qui, sans négliger les aspects de prévention, vont s'intéresser à la récupération pour pouvoir limiter les conséquences d'un événement indésirable. Les deux premières solutions parues en 2012 sont « réduction des erreurs de site d'exérèse de lésions cutanées » et « confusion entre antiseptique et anesthésique injectable ». Une quinzaine de SSP sont en cours d'élaboration pour une diffusion prévue en 2013.

EPR remarquables :

Depuis 2012, des événements jugés remarquables pour leur aspect pédagogique sont mis en exergue dans des publications courtes afin de sensibiliser les professionnels sur des situations à risques identifiées dans la base de retour d'expérience.

Les événements analysés les plus intéressants sont communiqués aux professionnels et aux établissements. Ce partage permet à chacun de prendre conscience du risque potentiel de certaines situations et de rechercher localement des moyens pour s'en prémunir.
 
Un niveau d'exigence plus élevé et des perspectives ouvertes par la mise en place du DPC :
La délivrance de l'accréditation est conditionnée par le respect, par le médecin engagé, des exigences définies par la HAS et sa spécialité en lien avec les associations de patients, impliquées dans le dispositif depuis sa conception. Cet engagement volontaire dans une démarche active de réduction des risques dans son exercice professionnel est vérifié annuellement par l'organisme agréé et la HAS et conditionne l'entrée et le maintien du médecin dans le dispositif. Les rejets de demandes d'accréditation et retraits d'accréditation représentent 10% des décisions prises par le Collège de la HAS. Les noms des médecins accrédités sont consultables sur le site internet de la HAS.
Après une phase d'acculturation nécessaire à l'ensemble des acteurs, la HAS et les organismes agréés élèvent progressivement le niveau d'exigence : en termes de qualité des déclarations, de respect des exigences du programme de la spécialité et des délais. Un renforcement de l'accompagnement des médecins et une assistance aux utilisateurs (Hotline du service évaluation et amélioration des pratiques de la HAS) sont associés à ce changement.
 
Pour valoriser les acquis de l'accréditation et poursuivre son déploiement auprès des professionnels de santé, notamment auprès des équipes hospitalières, plusieurs évolutions sont envisagées :

- expérimenter la gestion des risques en équipe pour l'intégrer dans les dispositifs d'accréditation, de certification et de développement professionnel continu (DPC), l'accréditation pouvant d'ailleurs concourir au respect de l'obligation de DPC.
- mobiliser les moyens, les supports et les procédures de l'accréditation pour favoriser la gestion des évènements indésirables notamment des évènements indésirables graves.


Pour la HAS, la mise en place du DPC représente une opportunité pour promouvoir l'accréditation auprès d'un public plus large de spécialités et de médecins.
 


Consultez les documents de la HASsur www.has-sante.fr

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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 08:07

« La nouvelle présidente du Ciss plaide en faveur d’une plus grande implication des patients dans les décisions qui les concernent »


Rappelons que l’association François Aupetit est agréée depuis 2007 pour représenter les patients dans les instances de santé. Aujourd’hui, l’afa est représentée dans une cinquantaine d’instances telles qu’hôpitaux et cliniques (CRUQ PC, Conseil de surveillance), Agences Régionales de Santé, Comité de protection des personnes CPP, Conférence Nationale de la Santé, Agence Nationale de Sécurité du Médicament ANSM. C’est une mission d’utilité publique que de représenter les patients, quelles que soient leurs pathologies, nous devons être en première ligne, là où sont les soins mais là où se décide les politiques de santé aussi ! AAM


Tous droits réservés à APM, Agence de Presse Médicale : www.apmnews.com
PARIS, 9 janvier 2013 (APM) – La nouvelle présidente du Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), Claude Rambaud, a plaidé pour que les patients soient plus impliqués dans les décisions qui les concernent et puissent notamment participer aux réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP), lors d’un débat organisé mercredi à Paris par la société de conseil Nile.

Claude Rambaud est devenue présidente du Ciss en décembre 2012 après la démission de Christian Saout.

« Il y a encore beaucoup de chemin à faire », s’agissant de l’acceptation de l’implication du patient dans les institutions, mais aussi dans l’implication du patient dans les décisions qui le concernent, a estimé la nouvelle présidente du collectif.

« Il y a une chose que les professionnels, en particulier les médecins, n’ont pas encore compris: les [choses] ont énormément changé dans les relations soignants-soignés. En tout cas, les soignés ne sont plus les mêmes », a commenté Claude Rambaud.

« Il est temps d’introduire les patients par exemple (…) dans l’enseignement des pathologies », a-t-elle d’abord plaidé. Aux Etats-Unis et au Canada, cela se pratique. « Nous avons encore très peu de modules universitaires sur la relation soignants-soignés », a-t-elle indiqué.

Elle a aussi estimé que les patients devaient participer aux RCP les concernant. Ces RCP sont des lieux d’échanges entre spécialistes de plusieurs disciplines pour établir les stratégies diagnostiques et thérapeutiques pour un patient. Très formalisées dans le cadre du cancer, ces réunions existent dans d’autres domaines tels que la chirurgie bariatrique notamment, précise-t-on.

« Nous avons tous autour de nous, des amis, de la famille qui ont vécu un diagnostic extrêmement brutal: ‘Il vous en reste pour trois mois’, [alors] pourquoi ne pourrait-il pas participer à la RCP? ». Elle a ajouté que si elle était malade, elle souhaiterait participer à sa RCP.

Dans la salle, un intervenant a craint pour sa part que la participation du patient empêche la parole libre des professionnels de santé.

Claude Rambaud a regretté que les patients soient exclus des débats sur le système de santé, signalant leur absence à la signature du dernier avenant à la convention médicale dont les conséquences pourtant les concernaient.

« C’est en train de passer dans les moeurs au niveau politique. C’est vrai qu’on nous demande notre avis », a-t-elle reconnu, tout en ajoutant immédiatement « mais avec certaines réserves ».

« Le Haut conseil de la santé publique n’a plus de représentants des usagers », a-t-elle en outre déploré. Elle a indiqué être « très en attente » sur la composition de l’Observatoire des dépassements d’honoraires pour savoir s’il y aurait des usagers.

Elle a plaidé pour un développement de l’éducation à la santé dans les structures éducatives dès la maternelle. Elle a estimé que la Haute autorité de santé (HAS) ne devait pas rester une institution pour les professionnels mais devait s’intéresser aussi à l’éducation à la santé, tout comme les collectivités territoriales qui doivent jouer un rôle dans ce domaine.
 
FINANCEMENT DES REPRÉSENTANTS DES USAGERS

Interrogée sur le financement de la démocratie sanitaire et des représentants des usagers, elle a estimé que la démocratie participative ne pourrait « devenir un allié efficace que le jour où elle aura des moyens matériels pour fonctionner ». Elle fonctionne aujourd’hui « a minima », a-t-elle déploré.

Claude Rambaud a indiqué qu’un fonds spécial, attribué à l’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France et destiné à financer [leurs] actions, avait été créé. Elle a indiqué que le montant de ce fonds s’élevait à environ 5 millions d’euros et que cela passerait via l’ARS Ile-de-France car le siège du Ciss national était en région parisienne. Mais, « on ne sait pas encore comment on va récupérer [cet argent]« , a-t-elle indiqué.

Elle a aussi cité les difficultés d’accès à la formation pour les usagers parmi les « sujets sensibles ».

Elle a rendu hommage à plusieurs reprises au travail mené par son prédécesseur, Christian Saout.

« On arrive au bout d’un premier exercice, on est en train de faire le bilan et on réfléchit comment on peut mieux s’organiser, avoir une action plus cohérente et plus unie, tout en respectant les ‘individualismes’ de chaque association ou fédération d’associations [au sein du Ciss]« , a expliqué Claude Rambaud. « Beaucoup de chemin a été fait, il faut passer à une autre étape savoir comment on s’organise pour être plus efficace et jouer un rôle d’acteur au côté des professionnels », a-t-elle renchéri.

Claude Rambaud a par ailleurs signalé que le Lien -l’assocation qu’elle préside- organisait les quatrièmes états généraux des infections nosocomiales et de la sécurité du patient les jeudi 14 et vendredi 15 février à Paris.
 
mh/ab/APM polsan
redaction@apmnews.com

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 08:35

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Un sujet particulièrement sensible devant la catastrophe annoncée de la raréfaction du temps médical ... L'AAM vous propose cette tribune libre de Pierre Lesteven, Conseiller général des établissements de santé à l’IGAS et de Francis Brunelle, Directeur médical du pôle Imagerie de l’hôpital Necker.

 


 

 

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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 11:46

Se dépasser, dépassement de soi, les malades dans leur quotidien connaissent bien ces mots ... mais qui peuvent être agressifs quand ils sont proposés par d'autres ou conseillés un peu abruptement alors même que la maladie nous submerge ... "tu devrais prendre sur toi, dépasser la douleur", etc. Ce mot de dépassement sait nous énerver autrement quant il s'agit des honoraires de nos "chers" médecins. A l'heure où les "restes-à charge" fleurissement, la volonté de lutter contre ne se fait pas sans résistance des bénéficiaires ! Deux articles intéressants dans la lettre 159 de l'Espace social. AAM

 

Dépassements d'honoraires : les Français n'en veulent plus!

Selon les résultats d'un sondage Viavoice pour le Ciss, la Fnath et l'Unaf, 80% des Français ne trouvent pas « normal » que les médecins facturent des dépassements d'honoraires. Ces chiffres publiés au lendemain de la signature de l'accord entre syndicats médicaux, caisses et complémentaires, témoignent, constatent ces associations de « la volonté radicale des usagers de voir définitivement résolue la question des dépassements d'honoraires ». Par ailleurs plus de 2/3 des Français jugent abusif tout dépassement supérieur à 50% du tarif de la sécurité sociale, et près de 9 sur 10 attendent une sanction des médecins qui y ont recours. Enfin, plus de 65% des personnes interrogées «sont conscients que le maintien d'un secteur 2 ne permettra pas une lutte efficace contre les dépassements d'honoraires ». L'opposition des Français aux dépassements est donc sans ambiguité et ils estiment que l'avenant du 25 octobre ne résout rien. « Pour sortir de cette impasse, précise Claude Rambaud, vice-présidente du Ciss, nous avons besoin d'une réforme profonde qui précise ce qui relève de la solidarité nationale. Il faut changer le mode de rémunération des médecins ».

 


Observatoire des dépassements, nouvelle avanie 

Le principe figure dans le communiqué de presse de la Cnamts du 25 octobre : la création d'un observatoire des pratiques tarifaires des médecins libéraux conventionnés.

L'idée vient de la FNMF, puis a été portée par l'Unocam. Elle a été, sur pression du cabinet de Marisol Touraine, incluse au dernier moment dans l'avenant sur les dépassements. Mais, une dernière avanie est venue contrarier un peu plus les esprits mutualistes sur la volonté de la Cnamts d'associer l'Unocam aux négociations. Là où on aurait pu, dû, mentionner explicitement la présence de l'Unocam et du Ciss, ex nihilo, comme membres à part entière du futur observatoire, ils ne le seront que comme personnes qualifiées...

Nouvelle illustration du faible goût de partage des informations et de l'action de l'Uncam pour l'Unocam.

 

Articles dans lettre@espace-social.com du 29 octobre 2012

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 14:36
Ce nouveau document, publié par l’ANSM [1] a pour objectif d'apporter une information exhaustive et détaillée sur la consommation de médicaments en France, en ville comme à l'hopital.
Le nombre d’unités vendues montre que cette consommation demeure globalement stable. Néanmoins, l’offre ne s’est pas significativement réduite en 2011, puisque 3 000 substances actives différentes -correspondant à 10 500 médicaments différents et à 14 600 présentations (conditionnements) - étaient disponibles sur le marché français durant cette période. 
La consommation pharmaceutique de la population française est d’ailleurs, en moyenne, de 48 boîtes de médicaments par habitant en 2011, c'est-à-dire proche d’une boîte par semaine.En valeur les ventes de médicaments représentent environ 27,6 milliards d’euros (21,7 milliards d’euros dans les officines et environ 5,9 milliards d’euros à l’hôpital).
D’autre part, plus de 85 % des ventes réalisées en pharmacie d’officine ont concerné des médicaments remboursables, la part de l’achat de médicaments non pris en charge par les régimes d’assurance maladie se développant lentement en France. Si environ un médicament remboursable sur cinq acheté en ville a été un générique, la part de marché des médicaments génériques, en progression continue depuis 2001, a cependant régressé en 2011. Les données les plus récentes de l’année 2012 semblent toutefois marquer un rebond des ventes de génériques.

Enfin, on observe que la répartition des ventes en ville se recentre sur des classes thérapeutiques très différentes de celles de l’hôpital, où antinéoplasiques et immunomodulateurs représentent à eux seuls 38 % du marché.
Ce rapport se décompose en 3 parties :

  • présentation du marché pharmaceutique français en 2011 et de ses caractéristiques générales,
  • part de marchés des médicaments, selon leurs classes thérapeutiques et leurs substances actives, 
  • marché des génériques.
Parmi les grandes tendances en 2011, on peut noter les points suivants :

-   L’offre pharmaceutique française est très importante (3 000 substances actives disponibles correspondant à 10 500 médicaments différents et à 14 600 présentations), même si la consommation reste stable (+ 0,5 % de croissance par rapport à 2010). Cette croissance très modérée peut notamment être expliquée par plusieurs phénomènes :

  • un rythme de progression de la consommation pharmaceutique qui tend à diminuer pour certaines classes thérapeutiques,
  • le retrait de certaines spécialités en 2011,
  •  la réévaluation par l’ANSM du rapport bénéfice/risque de nombreuses spécialités, voire de classes thérapeutiques entières.

-   Si la consommation de médicaments progresse moins vite en France que dans d’autres pays européens, elle demeure néanmoins élevée : résumée à un seul chiffre, elle est en moyenne en 2011 de 48 boîtes de médicaments par habitant, soit environ une boîte par semaine.

-   Les ventes en pharmacie d’officine sont principalement représentées par des spécialités soumises à prescription (85 % de l’ensemble) et prises en charge par les régimes d’assurance maladie.

-   Les marchés pharmaceutiques sont hétérogènes entre la ville et l’hôpital. Les ventes en ville sont ainsi fortement concentrées sur certaines classes en termes de valeur (médicaments du système vasculaire, suivis par les médicaments du système nerveux central), alors que la prépondérance du marché hospitalier repose sur les ventes d’antinéoplasiques et d’immunomodulateurs (38 %). D’autre part, les formes pharmaceutiques principalement utilisées diffèrent entre ces deux marchés puisque les deux tiers des spécialités utilisées en ville sont représentées par les formes orales sèches (comprimés, gélules…), alors que les formes injectables sont plus souvent utilisées à l’hôpital.

-   La progression de la part de marché des médicaments génériques, continue jusqu’en 2010, s’est infléchie pour la première fois en 2011 (23 % en quantité versus 24,3 % en 2010). Ce recul peut s’expliquer par plusieurs facteurs :

  • l’apparition récente de certains génériques pour lesquels la substitution serait moins facilement acceptée
  • les controverses récentes sur l’efficacité et la sécurité des génériques qui auraient suscité la méfiance chez certains médecins ou leurs patients
  • le retrait du marché des spécialités composées de dextropropoxyphène et de paracétamol dont les ventes de génériques étaient très élevées.

La situation du marché des génériques semble cependant repartir à la hausse au cours de ces derniers mois.
Au total, ces données qui traduisent une stabilisation de l’usage des médicaments n’impliquent pas pour autant que la consommation pharmaceutique française se soit fixée en France à un niveau optimal.

--------------------------------

[1] L’ANSM, instaurée par la Loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé, s’est substituée à l’Afssaps le 1er  mai 2012 en reprenant ses missions, droits et obligations. Ce nouveau type de document se substitue aux synthèses sur les ventes de médicaments produites jusqu’à présent chaque année par l’Agence. Contrairement aux années précédentes, ce présent rapport ne détaille pas les tendances concernant les évolutions en valeur de chaque classe thérapeutique. Ces dernières pourraient en effet être faussées par des bases tarifaires différentes, la loi de financement de la sécurité sociale 2012 ayant modifié les modalités de déclaration auprès de l’ANSM des chiffres d’affaires réalisés par les entreprises pharmaceutiques.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 13:37


Nous reproduisons ici un article informatif publié dans la revue du CISS infos n° 24

www.leciss.org


 Aeras, enfin du concret


Plus d’un an après l’entrée en vigueur de la convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) rénovée, il est temps de faire un point sur les avancées pratiques dans la mise en œuvre de ses objectifs. Rappelons que cette convention rénovée vise à l’amélioration de la prise en compte par les assureurs et les banques des avancées de la médecine et de la plus grande fréquence des stabilisations pour certaines pathologies, ainsi que l’acceptation d’une mutualisation plus large du risque santé entre les assurés.

 

Des travaux longs et parfois tendus

Transformer ces déclarations de principe en dispositions pratiques requière, comme c’est toujours le cas dans le cadre d’un processus conventionnel, des négociations entre parties prenantes : associations d’un côté, fédérations des banques et des assurances de l’autre, le tout sous l’oeil vigilant des pouvoirs publics. Nous avons à plusieurs reprises, au cours de ces 12 derniers mois, communiqué pour nous plaindre du retard pris dans le lancement de ces travaux de négociation. C’est chose faite depuis environ 6 mois, et les réunions ont permis de confronter des points de vue souvent divergents mais en parvenant, à force de persévérance, à des avancées intéressantes.

 

Commission des études et des recherches

Une méthodologie a été arrêtée pour avancer sur une analyse actualisée des risques de morbidité et mortalité liés à deux pathologies : le cancer pédiatrique et des jeunes adultes (puisqu’on se place dans une perspective de risque futur au moment d’une prochaine démarche d’emprunt), sous l’égide de l’InCA ; le VIH, sous l’égide de l’Inserm et de l’ANRS. De plus, des travaux sur les maladies cardio-vasculaires vont également être menés rapidement.

 

Harmonisation des questionnaires de santé

Une première étape a été franchie, principalement avec l’acceptation par les assureurs de limiter dans le temps le champ d’application de trois questions essentielles : celle portant sur le fait d’être ou d’avoir été en ALD qui ne pourra dorénavant remonter à plus de 15 ans d’antériorité ; celles portant sur le fait d’avoir été sujet d’une part à un traitement et d’autre part à une hospitalisation qui ne pourront maintenant remonter à plus de 10 ans.

Des avancées très concrètes, qui montrent donc que la dynamique conventionnelle est en route. Nous attendrons tout de même de constater leur application et leurs résultats effectifs pour communiquer publiquement cette relative satisfaction.

 

Nouveau site : www.aeras-infos.fr.

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2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 14:17

Un article de mise au point publié ce jour sur le @ journal d'Hépato-gastro-entérologie ... des éléments de réflexion en cette période où l'on compare de plus en plus les deux géants européens ... certes nous ne sommes pas dans la gémellité ... et doit-on y tendre car il faut le rappeler, bon nombre d'allemands doivent prendre des assurances complémentaires qu'une partie de la population ne peut se payer ... le mal français serait-il un bien, même si les sources d'économie sont visibles pour tous les malades - nous avons tous des exemples à donner ... y compris dans nos comportements (trop) consommateurs parfois ! Bonne lecture !

 

 

 

Franck DEVULDER
Rédacteur en Chef
Avril 2012 - 35
 

      Think tank d'opinion européen et indépendant, Institut Thomas More, vient de publier une analyse comparative de la dépense de santé publique en France et en Allemagne dans le domaine de la Santé. Leurs conclusions sont sans appel :


      - Si la France ramenait sa dépense publique de santé par habitant au niveau allemand, cela représenterait une économie de 7,2 milliards d'euros par an. 20 % de la population allemande a plus de 65 ans, contre 16,5 % en France. Les dépenses de santé par habitant devraient donc être plus importantes outre Rhin. Or, les dépenses publiques pour la santé de chaque français dépassent de 112 euros celles de son voisin allemand. Cela ne se fait cependant pas au détriment de la santé des allemands, avec des indicateurs tout à fait comparables et un nombre de consultations par personne et par an de 8,2 en Allemagne, alors qu'il est de 6,9 en France.


      - Avec des revenus inférieurs de 38,5 % à l'Allemagne en moyenne, ce n'est pas la rémunération des médecins français qui coute cher : nous avons plusieurs fois dans les colonnes de l'e-journal pointé le faible niveau de revenus des médecins français par rapport à ses voisins européens. Cela est encore souligné par ce rapport qui précise qu'un généraliste libéral gagne en moyenne 46 824 euros par an en France contre 74 703 euros en Allemagne et que ces chiffres sont respectivement de 71 350 euros pour un spécialiste français contre 109 950 euros pour son homologue allemand.


      - Dépenses hospitalières : une économie potentielle de 26,4 milliards d'euros. Chaque français dépense pour l'hôpital 409 euros de plus que son voisin d'outre Rhin, ce qui représente un surcout de dépenses de 26,4 milliards d'euros. Les raisons invoquées dans ce rapport sont doubles : d'une part, celui d'une réforme menée outre Rhin visant à l'alignement des tarifs de remboursement des actes effectués dans les hôpitaux publics sur ceux effectués dans les hôpitaux privés, et d'autre part, un nombre d'établissements hospitaliers en France dépassant de 68 % celui rencontré en Allemagne par million d'habitants. Il en va de même de la taille des établissements, plus petits en France, du nombre de personnels hospitaliers qui est de 1608 pour 100 000 habitants en France contre 1338 en Allemagne. Malgré cela, la débauche de moyens en France n'offre pas une meilleure offre de soins, avec 20% de lits en moins rapportés à la population, et une durée de séjour près de deux fois supérieure outre Rhin qu'en France. À l'heure du renoncement à la convergence tarifaire publique/privée annoncée par le vainqueur du premier tour des élections présidentielles françaises, on voit bien, pour autant, que les seules véritables sources d'économie sont dans une meilleure organisation de l'hôpital public.


      - Coût administratif : 4 milliards d'économies possibles. Si, sous l'impulsion de Frédéric Van Roekeghem, les coûts administratifs de la Santé et de l'Assurance Maladie se sont considérablement réduits, ils restent encore les plus chers du monde, atteignant 7 % de la dépense totale de Santé contre 5,4 % en Allemagne.


      - Dépenses de médicaments : chaque année, 1,1 milliards d'économies à faire. Nous le savons, nous sommes les champions du monde de la consommation d'antidépresseurs, et les champions d'Europe de la consommation d'antibiotiques. Nous savons peut être moins la faible pénétration des génériques dans notre pays, avec 20 % des médicaments consommés, contre 60 % en Allemagne. Comparés à leurs voisins allemands, les français dépensent 17 euros de plus chaque année, soit une économie envisageable de 1,1 milliards d'euros.


      - L'Assurance Maladie pourrait économiser 14,3 milliards d'euros si elle alignait le montant de ses remboursements sur celui de l'Allemagne. Nos déficits tiennent comme toujours à nos excès de dépenses : 2 551 euros remboursés en moyenne par français par l'Assurance Maladie contre 2 289 en Allemagne, soit un écart de 272 euros par habitant. Cet écart n'est que partiellement compensé par des cotisations au régime général supérieures en France de 39 euros mais le delta reste négatif en notre défaveur, ce qui pourrait générer des sources pourtant potentielles d'économies estimées dans ce rapport à 14,3 milliards d'euros par an.


      Pour les auteurs de ce rapport, cette comparaison avec l'Allemagne pointe du doigt les surplus considérables du système de santé français, qui ne sont pas justifiables par une meilleure performance. L'enjeu principal de la réforme de ce système de santé qui s'impose sera, aux yeux des auteurs, de maintenir un accès équitable aux soins, tout en réduisant drastiquement les coûts. À défaut de tomber dans les errements du « tout public » et la gestion purement comptable, nous n'échapperons pas, au-delà des discours électoralistes qui abreuvent nos médias actuellement, à une réforme en profondeur de notre système de santé trop coûteux, mal organisé, et où patients et médecins ne sont pas logés à la meilleure des enseignes en comparaison au système de santé allemand.

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